Le 02 avril est toujours un jour spĂ©cial pour nous. Il s’agit de la journĂ©e mondiale de la sensibilisation Ă l’autisme. Etant concernĂ©e avec le handicap de Louis, diagnostiquĂ© autiste Ă 2 ans. Je voudrais au travers de cet article, vous expliquer Ă quel point le sport est un facteur d’inclusion.
Comme je le prĂ©cisais dans notre histoire et notre dĂ©fi, nous sommes rentrĂ©s en France car Louis Ă©tait dĂ©scolarisĂ©. En vĂ©ritĂ© je dois bien me l’avouer, hormis la maternelle je ne crois pas qu’il ait profitĂ© de ses premiĂšres annĂ©es au primaire. Il n’Ă©tait pas du tout adaptĂ© Ă l’Ă©ducation dans une Ă©cole « normale ». Rester 8h assis sur une chaise sans bouger… mission impossible pour Louis. Ses moments prĂ©fĂ©rĂ©s ? La rĂ©crĂ©ation ! Et les week-ends pour aller au bowling đ€©
Cette annĂ©e nous avons Ă©tĂ© de nouveau interviewĂ©s par le Courrier Picard, avec la volontĂ© de passer un message positif, ça avance et grĂące au bowling Louis peut Ă©voluer dans un cadre « normal » et sans aide ! Voici le contenu de l’article :




En 2015, depuis le Maroc oĂč elle habitait pour raison professionnelle, Sabine Ripamonti, maman de Louis, nĂ© Ă Amiens et diagnostiquĂ© autiste Ă lâĂąge de 2 ans, confiait dans nos colonnes que le chemin semblait encore long pour faire changer le regard de la sociĂ©tĂ© sur les autistes. Sept ans plus tard, Ă lâoccasion de la journĂ©e mondiale de lâautisme, samedi 2 avril, elle estime quâil « y a eu un rĂ©el changement dans la prise en charge et dans lâĂ©volution des mentalitĂ©s ».
De retour Ă Albert depuis novembre 2019, Sabine Ripamonti ne saurait dire « si câest parce quâil y a de plus en plus de diagnostics ou si câest parce que les plans du gouvernement pour lâinclusion portent leur fruit » mais câest « positif » et câest « ce beau message dâavenir pour les personnes diffĂ©rentes » quâelle veut vĂ©hiculer.
« Tout a été mis en place pour que ça se passe au mieux »
Le positif, elle lâa vu quand elle a inscrit Louis « dans une Ă©cole ânormaleâ Ă Albert avec beaucoup de bienveillance et une bonne communication auprĂšs des enfants en amont de lâaccueil de Louis ». LâĂ©cole classique nâĂ©tait pas adaptĂ©e pour la pathologie de son fils (qui souffre dâautisme lĂ©ger, ou troubles envahissants du comportement), elle lâa compris par la suite, mais elle sait que « tout a Ă©tĂ© mis en place pour que ça se passe au mieux en attendant une autre prise en charge ».
Le positif, elle le constate aussi dans la prise en charge Ă lâinstitut mĂ©dico-Ă©ducatif (IME) dâAlbert par du personnel formĂ© pour encadrer des enfants autistes. Sabine Ripamonti a vu la diffĂ©rence, lâIME a permis Ă Louis « de gagner en autonomie et de comprendre certains codes de la sociĂ©tĂ© comme aller faire les courses et se conduire de façon optimale Ă lâextĂ©rieur ». AprĂšs deux ans de dĂ©scolarisation et des annĂ©es dâerrance, câĂ©tait presque inespĂ©rĂ©.
Le positif, enfin, elle le mesure dans lâinscription de Louis Ă lâĂ©cole de bowling de Camon « qui le traite comme un enfant lambda et qui lâa accueilli dans lâĂ©quipe. Il Ă©volue sans aucune aide au milieu des autres enfants et ça, ça nâa pas de prix. »
« Tout nâest pas rose »
Sabine Ripamonti prĂ©fĂšre voir le verre Ă moitiĂ© plein, mais elle nâĂ©volue pas pour autant dans un monde de bisounours. Elle concĂšde que « tout nâest pas toujours rose non plus ». Elle Ă©voque en exemple le sĂ©jour au Futuroscope lâan dernier, pour la premiĂšre fois, et les remarques blessantes entendues dans les files dâattente pour accĂ©der aux attractions, mĂȘme si « cela devient de plus en plus rare ». Elle songe aussi aux adolescents de lâĂąge de Louis qui « le trouvent bizarre » et se moquent de lui. Elle ne les blĂąme pas, explique que « câest humain.
Lâautre, sâil est diffĂ©rent, nous fait toujours un peu peur quel que soit notre Ăąge. » Cela prouve quâil reste du chemin Ă parcourir. DâoĂč lâimportance de cette journĂ©e mondiale de lâautisme, chaque annĂ©e le 2 avril, pour que la maladie ne soit plus un tabou et que la diffĂ©rence soit acceptĂ©e.
Aujourdâhui, ce que Sabine Ripamonti retient surtout, câest que son fils « du haut de ses 12 ans, garde une libertĂ© qui vaut de lâor. Le regard des autres ne le touche pas quand celui-ci est nĂ©gatif. Soit il se fait des copains, soit il passe Ă dâautres personnes. » Quand elle regarde son fils aujourdâhui, Sabine Ripamonti voit « un petit bonhomme Ă©panoui et bien dans ses baskets avec des copains en prime ». Câest sa victoire. Elle « nâen espĂ©rai(t) pas tant ».
Des premiers pas « chaotiques Ă lâĂ©cole » Ă lâentrĂ©e en IME
Les premiers pas de Louis Ă lâĂ©cole Ă©lĂ©mentaire furent « chaotiques ». Sabine Ripamonti explique quâ« aprĂšs un CP et un CE1 avec le Cned complĂštement inadaptĂ©s dans une Ă©cole marocaine », elle a pris la « dĂ©cision difficile » de le dĂ©scolariser car elle nâarrivait « pas Ă trouver dâĂ©tablissement qui lâaccepte. Ă chaque fois, on me disait que je pouvais payer les frais de scolarisation mais que Louis ne serait pas inscrit officiellement pour ne pas faire chuter la moyenne de lâĂ©tablissement. » Alors, aprĂšs avoir « contactĂ© 17 Ă©coles », elle a baissĂ© les bras.
Pendant deux ans, Louis a « appris la vie en collectivitĂ© » dans une famille marocaine et « pour la sociabilisation, il a suivi 6 heures de cours de karatĂ© dans le club sportif du quartier. Le frĂšre de lâentraĂźneur Ă©tant autiste, il a su comment prendre Louis par le bon bout. »
Mais au bout de deux ans, se rappelant quâĂ lâĂąge de Louis elle Ă©tait en 6e, Sabine Ripamonti a rĂ©alisĂ© quâil « fallait agir ». Elle a dĂ©cidĂ© de revenir en France. Louis a fait sa rentrĂ©e en CM1 Ă lâĂ©cole Alphonse-Daudet dâAlbert le 6 janvier 2020. « Le premier jour sâest tellement bien passĂ© que je lâai mĂȘme inscrit Ă la cantine et au bus scolaire. » La victoire a Ă©tĂ© de courte durĂ©e, selon les termes de lâAlbertine car « Louis nâest pas du tout cĂąblĂ© pour un Ă©tablissement classique ». Avec la directrice et lâĂ©quipe enseignante, dont elle loue la « bienveillance extraordinaire », le planning de Louis a Ă©tĂ© adaptĂ© « pour quâil puisse assister aux cours de sport et Ă la piscine pour garder le rythme » et en parallĂšle Sabine a montĂ© un dossier MDPH (Maison dĂ©partementale pour personnes handicapĂ©es).
En septembre 2020, alors que la pandĂ©mie sâĂ©tait immiscĂ©e et que « le papa avait dĂ©missionnĂ© de son rĂŽle de parent », Sabine a Ă©tĂ© informĂ©e que Louis pouvait aller en institut mĂ©dico-Ă©ducatif (IME). « Ăa a Ă©tĂ© un choc, un peu comme si je devais lâabandonner dans un hĂŽpital psychiatrique. Les prĂ©jugĂ©s ont la vie dure⊠» Louis a dâabord Ă©tĂ© scolarisĂ© en hĂŽpital de jour Ă PĂ©ronne deux matinĂ©es par semaine, le lundi et le mardi, tout en continuant Ă aller Ă la piscine avec son Ă©cole le vendredi. Il a finalement intĂ©grĂ© lâIME dâAlbert en janvier 2021. Sabine Ripamonti ne regrette pas. « Il a vraiment fait des progrĂšs significatifs. »



Louis fait en outre partie de lâĂ©cole de bowling de Camon, depuis septembre 2021, « et ça, câest vraiment chouette, une victoire dans lâinclusion. Je pense sincĂšrement que le jour oĂč il a reçu son tee-shirt de lâĂ©quipe a Ă©tĂ© un des plus beaux jours de sa vie. »



Je suis persuadĂ©e que le sport vĂ©hicule des valeurs d’inclusion, de solidaritĂ© et de dĂ©passement de soi.
Je n’ai pas assez de mots pour exprimer ma reconnaissance pour toutes les personnes qui accompagnent Louis au quotidien sur le chemin de l’autonomie.
Un grand merci à Emmanuelle BOBINEAU et au Courrier Picard pour avoir relayé notre message.
Si vous souhaitez partager vos expĂ©riences dans l’inclusion grĂące au sport, ou rĂ©agir Ă cet article, laissez un commentaire đ
Bravo Louis đ
Merci SĂ©verine đ
C’est gĂ©nial ! Un futur champion c’est certain.
Rien de mieux que de faire ce que l’on aime pour apprendre et se dĂ©velopper avec plaisir. đ
Oui c’est le plus important et la passion ça fait aussi grandir avec le smile đ